Emmanuel Macron enlise la France dans un retour au « monde nucléaire d’avant »
Le 8 décembre, Emmanuel Macron s’est rendu au Creusot pour apporter son soutien à la filière nucléaire, qu’elle soit civile ou militaire.
Dans un discours parfois ambigu Emmanuel Macron a cependant énoncé une vérité : "Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire ; sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil". Il a ainsi reconnu l’interdépendance entre la production d’électricité par les centrales nucléaires et la possession de la bombe atomique par la France... Ne pas vouloir sortir de ce cycle vicieux c’est exprimer des convictions qui font apparaître notre Président comme un homme invitant à "regarder loin" vers… le passé ! Le MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente) demande à chaque citoyen de se poser lucidement cette question : Le nucléaire est-il en France un tabou intangible au point d’en faire une religion d’état ?
En affirmant que "l’énergie nucléaire est l’énergie non-intermittente qui émet le moins de CO2", M. Macron oublie que l’extraction du combustible nucléaire et son transport émettent du CO2, sans compter le coût financier et écologique nécessité par le déploiement de forces armées au Niger pour les sécuriser.
Il n’a évoqué les problèmes soulevés par "la gestion des déchets" et "la sûreté" qu’au détour d’une phrase, alors même qu’ils sont le maillon faible de cette filière. Pas un mot ni sur les grands travaux nécessaires à la prolongation de nos réacteurs en fin de vie, ni sur les multiples incidents qui les affectent, ni sur les déboires de l’EPR, qui sont autant de surcoûts faramineux de cette filière ! Aucun mot sur les risques climatiques à venir qui vont fragiliser l’exploitation de nos réacteurs ! Aucune pensée pour nos lointains descendants qui auront à gérer ces déchets… pour des siècles et des siècles !
Pour le MAN, la question du nucléaire se posera lors de la prochaine élection présidentielle. E. Macron l’a rappelé au Creusot : "nous sommes engagés dans la réduction du nucléaire dans la part (…) du mix énergétique", et cela implique de développer notre filière de production d’énergie renouvelable. Il a annoncé que, "sur la base [d’un] travail documenté qui sera partagé avec l’ensemble des Français, nous pourrons choisir en connaissance de cause" notre avenir énergétique en... 2023.
Enfin, décision pour le MAN lourde de conséquences, M. Macron a annoncé la construction d’un nouveau porte-avions à propulsion nucléaire à l’horizon 2038, pour un coût évalué au moins à 7 milliards d’euros. Ce nouveau porte-avions doit garantir à la France "notre statut de grande puissance". Pourtant, en signant le TIAN (Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires) et ainsi en initiant une dynamique mondiale de désarmement nucléaire, la France obtiendrait ce "statut" à moindre coût !
Pour le MAN l’avenir écologique de notre pays passe par la sortie du nucléaire qu’il soit civil ou militaire !
Denys Crolotte porte parole du MAN.